Marche de protestation du 18 janvier 2014. Malgré une pluie torrentielle, la foule est sortie manifester contre le projet de modification constitutionnelle prévue par le gouvernement Compaoré.

Chantal Compaoré, recevant une délégation taiwanaise au Palais de Kosyam, en février 2014. Le luxe dans lequel vivait le clan Compaoré, dans une des nations les plus pauvres du globe, était fortement critiqué par des opposant du régime, dénonçant un système de biens mal acquis banalisé.

Smockey et des jeunes du Balai Citoyen, manifestant pour la réouverture du dossier Norbert Zongo, le 13 décembre 2013. Journaliste d'investigation fondateur du journal l'Indépendant, Norbert Zongo a été tué alors qu'il enquêtait sur la mort suspecte du chauffeur de François Compaoré, le frère de Blaise Compaoré.

Des cibals (citoyens balayeurs) portent un brassard noir pour réclamer la réouverture de l'affaire Norbert Zongo, le 13 décembre 2013.

La rappeur Hamidou Valian sur le plateau d'une émission de Droit Libre TV dédiée à Norbert Zongo, tournée en 2013.

Rencontre entre Zinaba Rasmane du Balai Citoyen et des jeunes du quartier Wayalghin, en novembre 2013. Le Balai Citoyen a réussi à fédérer de nombreux "clubs cibals" dans les quartiers populaires du pays en moins d'un an.

Meeting anti-référendum à l'appel des partis de l'opposition et de mouvements de la société civile, le 31 mai 2014 à Ouagadougou.

Graffiti en centre-ville de Ouagadougou, juillet 2014. Compaoré n'a cessé de brandir l'échéance d'un référendum pour asseoir le renouvellement de sa candidature en 2015. Il optera finalement pour un vote des députés.

Partage de cigarette pendant un blocage improvisé sur la route de Ziniaré, le 23 octobre, en réaction à l'annonce du vote des députés prévu le 30 octobre 2014. Ziniaré est connu pour être le village d'origine de Blaise Compaoré.

Des policiers dégagent une route le 24 octobre 2014 à Ouagadougou, bloquée en réaction à l'annonce du vote des députés prévu le 30 octobre. Celui-ci doit entériner la modification constitutionnelle permettant à Blaise Compaoré de se représenter en 2015.

Bloquage d'un axe de la capitale par le Balai Citoyen le 24 octobre 2014, contre le vote des députés prévue par Blaise Compaoré le jeudi 30.

Smockey entouré de Rasmane et Ismael pour chanter le Ditanyè avec la foule (l'hymne écrit par Thomas Sankara) à la fin du blocage du 24 octobre.

Marche des femmes à Ouagadougou le 27 octobre 2014, contre le projet de modification constitutionnelle de Blaise Compaoré.

Rassemblées le 27 octobre 2014, les femmes ont marché jusqu'au rond-point des Nations Unis malgré le dispositif policier.

Manifestation monstre à Ouagadougou, le 28 octobre 2014.

Foule acclamant la caravane du Balai Citoyen quartier Karpala à Ouagadougou le mercredi 29 octobre 2014. Les cibals ont cherché à mobiliser massivement pour contrer le projet de modification constitutionnelle prévue par Blaise Compaoré.

La caravane du Balai Citoyen a sillonné sans relâche les quartiers populaires de Ouagadougou en mooré et dioula afin de mobiliser les gens la veille du vote des députés, le 29 octobre 2014. Leur message ? "Tous à l'Assemblée demain matin".

Le Balai Citoyen occupe la place du rond-point des Nations Unis le 29 octobre 2014 au soir. Gazés par la police, ils quitteront les lieux pour revenir à l'aube.

Boulevard Charles de Gaulle, la nuit du mercredi 29 octobre 2014. Des jeunes bloquent la voie pour protester contre le vote des députés prévu le lendemain.

Une dame résiste aux attaques de tirs lacrymogènes de la police le 30 octobre 2014. Depuis l'aube, la foule cherche à rejoindre l’Assemblée Nationale pour empêcher le vote des députés corrompus par Blaise Compaoré.

Insurrection populaire le 30 octobre 2014 : la foule déferle avenue des Nations Unies vers l'Assemblée Nationale.

Insurrection populaire le 30 octobre 2014. "Sankara, regarde tes fils, on t'a vengé" crient des manifestants devant l'Assemblée Nationale en flammes.

Insurrection populaire du 30 octobre 2014 à Ouagadougou.

Insurrection populaire du 30 octobre 2014 à Ouagadougou.

Insurrection populaire à Ouagadougou. L'incendie de l'Assemblée Nationale sera suivi de celui du siège du parti présidentiel. Pour les manifestant(e)s présents, il est acquis que Blaise Compaoré ne dirige plus le pays.

Le corps de Fabrice Ouoba, rappeur du quartier Wemtenga, le 30 octobre 2014. Selon les témoins, Fabrice a été tué par la garde privée de François Compaoré.

Jeudi 30 octobre 2014 à 19h. L'Etat Major des Armées, censé confirmer la démission de Blaise Compaoré et annoncer qui prendra en main la transition, reste vague et préfère décréter un couvre-feu.

Foule en liesse après avoir appris que Blaise Compaoré est en train de fuir le pays en convoi sécurisé, le 31 octobre 2014. Après un moment de flottement, ce dernier a dû se résigner à la démission le lendemain de la révolte.

Une jeune femme laisse exploser sa joie en apprenant que Blaise Compaoré est en train de fuir le pays, le 31 octobre 2014.

Ruines de l'Assemblée Nationale le lendemain de l'insurrection.

Carte de soutien à Blaise Compaoré, trouvée dans les affaires de son frère François, lors du saccage de sa villa boulevard Charles de Gaulle.

Deux jours après l'insurrection populaire, les burkinabè nettoient les rues collectivement. Le 1er novembre 2014, en quelques heures les rues sont dégagées : la vie continue sans Blaise Compaoré.

Parking incendié de l'Assemblée Nationale, deux jours après l'insurrection.

Conférence de presse des partis de l’opposition et d'une coalition de la société civile, refusant de voir un militaire proclamé président de transition après la chute du régime Compaoré. Ici le chef du CFOP, Zéphirin Diabré.

Première réunion du Balai Citoyen post-Blaise. Le mouvement savoure sa victoire tout en éclaircissant certains points avec ses membres, des rumeurs les accusant d'avoir eu un accord avec le chef de transition provisoire, le lieutenant-colonel Zida. Aucune transaction n'a eu lieu lorsqu'ils enjoignèrent les militaires à prendre leur responsabilité le 31 octobre, les cibals ne connaissant ni ses intentions ni sa fonction lorsqu'il annonça la démission de Compaoré à leurs côtés.

Signature de la charte de transition à la Maison du Peuple, le 16 novembre 2014. Cette charte garantie la passation du pouvoir à un civil. Aucun membre du gouvernement de transition ne pourra se présenter au prochain scrutin électoral.

Isaac Zida, prononçant un discours lors de la signature de la charte de transition, au cours duquel il citera Frantz Fanon et La Rochefoucauld. Le lieutenant-colonel passera le pouvoir à un civil pour devenir par la suite Premier Ministre.

Rangement du tapis d'honneur après la cérémonie de signature de charte de transition.

Dans la maison de François Compaoré, où la foule défile depuis l'insurrection. Figure redouté de l’ancien régime, François Compaoré est cité dans des affaires des crimes de sang qui ont traumatisé le pays.

Une photo de François Compaoré jeune, retrouvée dans sa villa en centre-ville de Ouagadougou.

Le sous-sol de la villa de François Compaoré, où une pièce dissimulée a été découverte.

Le sous-sol de la villa de François Compaoré, a soulevé des questions sur les activités du petit frère de l'ex-président du Faso.

Le Balai Citoyen dans son nouveau local en décembre 2014.

Parfait, coiffeur blessé par balles, a vu son ami Fabrice mourir sous ses yeux le 30 octobre 2014.

Inhumation du cerceuil de Fabrice Ouoba. Rappeur du quartier Wemtenga, Fabrice a été tué par balle le 30 octobre 2014.

Une famille regarde le film "Borry Bana, le destin fatal de Norbert Zongo". Ce film fût censuré pendant plus de quinze ans. Voir apparaître le visage de Norbert Zongo dans un poste de télévision était inimaginable sous l'ère Compaoré.

Norbert Zongo dans le poste de télévision des burkinabè le 13 décembre 2014.

Portrait de Thomas Sankara, visible au Palais présidentiel de Kosyam.

 

LA PATRIE OU LA MORT, ON A VAINCU ?

Le Burkina Faso a vécu en 2014 une insurrection populaire qui a poussé à la démission le président Blaise Compaoré. Parvenu au pouvoir en 1987 par un coup d’Etat lors duquel fût assassiné le capitaine Thomas Sankara, son prédécesseur et ami, Blaise Compaoré s’était attaché aussitôt à rectifier la révolution en cours dans son pays depuis 1983.

Leader panafricain de cette révolution avortée, Thomas Sankara fut celui qui rebaptisa l’ancienne Haute Volta « pays des hommes intègres ». Le régime Compaoré eut beau tenter de le faire oublier ces dernières décennies, son fantôme a ressurgi triomphalement le jour de la révolte grâce aux insurgés. Nés pour la plupart après l’assassinat de Sankara, beaucoup d’entre eux hurleront en effet son nom devant l’Assemblée Nationale en flammes.

Les burkinabè ont réussi l’exploit de chasser en deux jours un régime enivré de pouvoir, le tout suivie d’une mâtinée de nettoyage collectif pour remettre au propre les rues, comme une façon de dire que la vie continue.

À la joie indicible s'est aussi mêlée la tristesse et la colère face au nombre de personnes tuées pendant les événements (28), la plupart abattues par des soldats du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) devant le Palais Présidentiel, l'armée régulière n'ayant pas tiré sur la foule devant l'Assemblée Nationale.

La corruption, le chômage, la vie chère et l’impunité pour les crimes de sang étaient les principales raisons motivant les burkinabè à se mobiliser depuis 2011. C’est finalement l’entêtement de Blaise Compaoré à vouloir modifier la constitution qui a eu raison de la patience de son peuple, précipitant sa chute à un an du nouveau scrutin présidentiel.

Engagé dans une transition dont la principale mission est d'organiser les prochaines élections dans un climat apaisé, le pays vit une période post-insurrectionnelle qui libéré la parole et permis de reprendre espoir dans la justice, avec la réouverture de dossiers sensibles comme celui portant sur l'assassinat de Thomas Sankara, pour lequel est attendu un accès aux archives françaises comme le fît la Belgique pour l'affaire Lumumba.

Majoritairement déçus de la façon dont leur révolte a été selon eux récupérée par l’armée et les diplomaties étrangères, les burkinabè restent néanmoins fiers du rapport de forces créé, soutenant le gouvernement de transition tout en critiquant ses maladresses.

Si les menaces de déstabilisation de la part du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) et des forces de l'ancien régime se sont finalement concrétisées par un putch raté en septembre 2015, l'élan pour aboutir à des élections menant à l'alternance reste intact. Le coup d'Etat avorté a en effet modifié le calendrier électoral tout en montrant la détermination des burkinabè à ne pas se laisser voler les acquis de leur insurrection, la résistance des civils ayant reçu le soutien de l'armée loyaliste pour remettre en place le gouvernement de transition sans ingérence extérieure.

Variante fragile de l'hymne révolutionnaire burkinabè, dont la chute finale, "Nous vaincrons", se scande poing levée, des graffitis " La Patrie ou la mort : on a vaincu" avaient fleurit dès le 31 octobre dans les rues, laissant sceptiques certains insurgés. Satisfaits d'avoir chassé le clan Compaoré, ceux là restent convaincus que la lutte pour un réel changement démocratique ne fait que commencer.


Travail réalisé entre 2013 et 2015 à Ouagadougou